La rentrée scolaire 2023 s’accompagnera, comme chaque année, d’une série de mesures visant à améliorer les réformes précédentes. Alors que les élèves ont encore la tête dans les vacances scolaires, ils doivent déjà se préparer à la reprise des cours, fixée cette année au 4 septembre.
Et parmi les grands changements l’année 2023-2024, une autre réforme du bac serait à l’étude.
Voici un regard critique sur ce qui pourrait changer pour de nombreux élèves de lycée à compter de la rentrée scolaire 2023-2024.
Réforme du bac : décaler les épreuves de spécialités ?
A la date de la rédaction de cet article, nous sommes le 22 août 2023, à 13 jours de la rentrée scolaire et si Gabriel Attal, nouveau ministre de l’Education Nationale a annoncé une réforme du lycée professionnel pour la rentrée scolaire 2023, rien n’a été divulgué sur le lycée général en ce qui concerne les déclarations de l’ancien ministre Pap Ndiaye.
Au début de l’année 2023, l’ancien ministre Pap Ndiaye avait en effet annoncé plusieurs ajustements pour le cycle terminal du lycée général, en laissant entendre qu’une réforme du bac 2024 serait annoncée à la fin de l’été.
Ainsi le bac 2024 serait retouché par rapport au bac 2022, étant lui-même une modification de la réforme du lycée initiale (celle ayant supprimé les séries générales L, ES et S).
Chaque nouvelle année scolaire amène son lot de petits rétropédalages, de décrets et de circulaires, de nouvelles mesures censées améliorer les errements des réformes précédentes : seraient-elles décidées dans l’impréparation ?
On peut citer par exemple les mathématiques, rendues facultatives en 2018. La mesure est entrée en vigueur au bac 2022, et on a vu un retour des maths obligatoires pour le bac 2024 devant l’inquiétude que les élèves n’aient plus de formation scientifique obligatoire dans les enseignements du tronc commun.
Plusieurs scénarios sont possibles pour les prochaines mesures du ministère : changement des coefficients, modifications du calendrier scolaire, notes et résultats scolaires tenus secrets.
La réforme du lycée voulue en 2018 par le gouvernement avait instauré le remplacement des filières générales (séries L, ES, S) par des enseignements de spécialités, sanctionnées par un contrôle continu comptant pour 40 % de la note finale du bac.
Les élèves de Première et de Terminale doivent donc réussir le contrôle continu sur l’ensemble des matières du tronc commun :
- Français (en Première),
- Histoire-géographie,
- Langues vivantes A et B,
- EPS,
- Enseignement scientifique,
- Enseignement moral et civique.
Problème, l’arrêt des notes du contrôle continu a été fixé au mois de mars.
Les résultats aux épreuves de spécialités étant transmis à Parcousup dès le printemps, les élèves peuvent donc avoir une approximation de leur note finale au bac dès le mois d’avril.
Les enseignements de spécialités sont aussi ceux qui ont les coefficients les plus élevés.
En conséquence, un bond d’absentéisme en fin d’année scolaire, qui par ailleurs était prévisible, a été constaté par les enseignants.
De nombreuses voix s’élèvent pour demander un retour des épreuves du bac en juin, afin de remotiver les élèves à suivre leur année scolaire jusqu’au bout.
Souhaitée par certains syndicats d’enseignants et de chefs d’établissements, cette mesure semble juridiquement et politiquement difficile à mettre en œuvre car elle chamboulera le calendrier Parcoursup.
Les vœux d’affectation sont en effet arrêtés au tout début du mois de mars.
Nous serions donc dans l’impasse à ce niveau-là.
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Réforme du bac : modifier les coefficients du bac ?
Comment remotiver les élèves dans leur cycle terminal du lycée et éviter qu’ils ne désertent leur classe dès le deuxième trimestre ?
Selon certains, il faudrait rééquilibrer les coefficients du bac.
A l’heure actuelle, les coefficients des matières du tronc commun, évaluées lors d’épreuves finales sont les suivants :
- Français (épreuve obligatoire, en Première) : 10,
- Philosophie (épreuve en juin, en Terminale) : 8,
- Spécialité 1 (en mars en Terminale) : 16,
- Spécialité 2 (en mars en Terminale) : 16,
- Grand Oral (en juin, en Terminale) : 10.
Les coefficients des épreuves du tronc commun évaluées en contrôle continu sont les suivants :
- Spécialité choisie en Première : 8,
- Histoire-Géographie : 3 en Première, 3 en Terminale, 6 au total,
- Langue vivante A : 3 en Première, 3 en Terminale, 6 au total,
- Langue vivante B : 3 en Première, 3 en Terminale, 6 au total,
- Enseignement scientifique : 3 en Première, 3 en Terminale, 6 au total,
- EPS : 3 en Première, 3 en Terminale, 6 au total
- Enseignement moral et civique : 1 en Première, 1 en Terminale, 2 au total
On voit bien que si votre enfant a d’excellentes notes aux deux épreuves de spécialité à passer en mars (et sanctionnées chacune avec un coefficient 16), il réussit déjà 42 % de la note finale (en ajoutant le Français, passé en Première avec un coefficient 10) et il/elle peut être incité(e) à bâcler le reste.
Si par ailleurs votre fils ou fille a une bonne moyenne générale au contrôle continu à l’issue des deux premiers trimestre de son année de Terminale, alors il/elle a déjà 40 % de chances d’obtenir son baccalauréat.
Les élèves connaissent donc 82 % de leur note finale au printemps de l’année de Terminale : d’un côté, celles et ceux qui ont réussi sont certains de décrocher le baccalauréat et de l’autre, celles et ceux qui ont échoué ou qui ont eu des difficultés scolaires, savent que les épreuves de juin ne suffiront pas à avoir leur bac.
Le risque est alors de se désengager sur les épreuves terminales.
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On peut donc aussi déplorer le fait que le nouveau bac aggrave potentiellement les inégalités sociales à l’école par reproduction des schémas inégalitaires dans les choix d’enseignements de spécialités (les mathématiques, par exemple, étant davantage choisies par les classes favorisées que par les élèves issus de milieux sociaux défavorisés).
Le pouvoir exécutif réfléchirait donc à un rééquilibrage des coefficients pour éviter que le bac ne soit pas bâclé, soit sur les épreuves de spécialité, soit en réussissant le contrôle continu.
La réflexion porterait sur les coefficients des spécialités, sur ceux du Grand Oral et sur l’épreuve de philosophie.
Ainsi, il pourrait s’agir de diminuer les coefficients des épreuves de spécialités et d’augmenter en contrepartie les indices pour la philosophie et le Grand Oral de fin d’année.
Mais, question se pose : si le nouveau bac revendique la possibilité pour les élèves de choisir les matières à options qu’ils/elles vont le plus aimer (et donc dans lesquelles ils ou elles vont potentiellement avoir de bonnes notes), pourquoi en amoindrir les coefficients ?
Réforme du bac : le secret des résultats scolaires ?
L’ancien ministre de l’Education Nationale (J-M Blanquer) et le E. Macron avaient souhaité que les vœux d’affectation soient effectués dès le mois de mars de l’année de Terminale, afin que les élèves aient une réponse pour leur admission en première année de cycle post-bac dès le mois de juillet.
Or pour trier les élèves sur le volet en fonction de leurs résultats scolaires et de leurs notes au bac, il fallait bien que les notes soient arrêtées pour correspondre au calendrier Parcoursup de l’année scolaire en question.
Parmi les axes d’amélioration sur la table pour la rentrée scolaire 2023, le gouvernement réfléchirait à rendre secrets les résultats aux épreuves de spécialités jusqu’à la divulgation des résultats finaux.
Mais comment tenir secrètes les notes des élèves si celles-ci doivent être transmises dès avril à Parcoursup ?
Pap Ndiaye, ancien ministre de l’Education Nationale, avait écarté cette solution car elle risquerait de créer un problème juridique : si les données d’un élève sont transmises à un tiers (Parcoursup), alors elles doivent être connues de l’intéressé(e).
Dès le mois de juin, les premières réponses aux vœux formulés sur Parcoursup sont communiquées aux élèves.
Ainsi, ceux qui ont la chance d’avoir une affectation en juin (car certains bacheliers n’ont toujours pas reçu de réponse en août) savent déjà qu’ils seront admis en première année d’études supérieures, alors même qu’ils sont encore lycéens.
Autre solution proposée par l’ex-ministre Pap Ndiaye : conditionner les admissions à Parcoursup à un contrôle continu jusqu’à la fin du troisième trimestre pour remotiver les élèves. Cela reviendrait aussi à décorréler le calendrier du bac avec celui de Parcoursup.
C’est à un ancien recteur de la région académique des Pays de la Loire, William Marois, qu’a été donné la mission d’étudier la cohérence des idées d’améliorations possibles. Ses conclusions sont attendues pour le mois de septembre.
Enfin, autre solution pour remotiver les élèves : abroger la réforme du lycée et Parcoursup ?
C’est ce que proposent certains responsables de gauche, qui souhaiteraient l’abrogation de la réforme du lycée et la suppression de Parcoursup, afin de mettre fin à une sélection brutale des élèves qui ne peuvent plus décider librement de leurs poursuites d’études supérieures.
Alors, que faut-il faire ?
Construire et ouvrir de nouveaux établissements scolaires pour abroger le nouveau bac et Parcoursup, recruter plus d’enseignants et augmenter les salaires, réformer et aménager les réformes précédentes, durcir encore davantage les conditions d’admissions, etc. ?
Le débat est ouvert !